De la Cité à l'Etat - Athènes
par La Documentation par l'Image / Revue des activités d'éveil, N° 2, Novembre 1981
Le gouvernement d'une cité démocratique : Athènes
Gouvernement d'Athènes
L'Ecclésia
Sa composition : c'est l'assemblée de tous les citoyens, mais tous les habitants de la cité athénienne ne sont pas des citoyens.
Sont exclus de la citoyenneté les métèques et les esclaves. Les métèques — littéralement : ceux qui ont changé de résidence — sont les étrangers venus s'installer à Athènes; ils peuvent exercer toutes sortes de professions et participer aux fêtes religieuses mais jamais au gouvernement de la cité. Les esclaves étaient au service de l'Etat ou des particuliers; propriété de leurs maîtres, ils étaient achetés et vendus comme des marchandises et n'avaient aucun droit. Au Ve siècle avant J.C., l'Attique comptait 420 000 habitants ; les citoyens étaient 40 000, formant avec leurs familles un ensemble de 140 000 personnes, les métèques étaient 70 000 et les esclaves 210 000.
Son lieu de réunion : la Pnyx
La Pnyx
La Pnyx est une colline proche de l'Acropole. A partir du VIe siècle avant J.-C., l'Ecclésia se réunissait à son sommet. L'installation primitive subit des modifications successives. Les vestiges visibles aujourd'hui sont ceux du dernier emplacement. La tribune, où prenaient place les orateurs, avait été creusée dans le roc et élevée de trois marches ; une balustrade l'entourait. Derrière la tribune, trois nouveaux escaliers donnaient accès à un autel dédié à Zeus. Tout citoyen pouvait demander la parole.
Ses pouvoirs
L'Ecclésia vote les lois, décide de la paix et de la guerre, approuve ou rejette les traités et élit les magistrats. Le vote a lieu à mains levées et les décisions sont sans appel.
La Boulé
C'est un conseil formé de 500 membres tirés au sort ; en réalité, les bouleutes siègent par groupe de 50 pendant un dixième de l'année. Leur rôle est de préparer les questions, les projets de lois ou de traités qui seront soumis à l'Ecclésia.
Les magistrats
Neuf archontes, tirés au sort, veillent au bon fonctionnement du culte et président les tribunaux.
Dix stratèges, élus par l'Ecclésia, sont à la fois chef de gouvernement et chefs militaires ; ils sont rééligibles ; ainsi Périclès a été régulièrement élu pendant 15 années consécutives !
Les juges
Jetons d'héliaste
Le peuple athénien exerçait la justice. Chaque année 6 000 citoyens étaient tirés au sort pour former le tribunal de l'Héliée; les héliastes étaient répartis en sections de 500 membres convoquées par tirage au sort, le matin même de chaque procès. Un archonte présidait l'audience. Pour décider du sort de l'accusé, les héliastes déposaient un jeton dans une urne ; traversé d'une tige creuse, ce jeton signifiait condamnation, d'une tige pleine, acquittement. En tenant cette tige entre le pouce et l'index, l'héliaste empêchait que l'on observe le sens de son vote.
Deux grandes personnalités de la démocratie athénienne
PÉRICLÈS
PÉRICLÈS portant le casque, insigne des fonctions de stratège. La visière abaissée, ouverte de deux trous pour les yeux, couvrait entièrement le visage. © Giraudon : Alinari, Anderson.
Stratège de 444 à 429 avant J.-C., Périclès, que nous voyons ici casqué et la visière relevée, se distingua à la tête des affaires de la cité qu'il fortifia et embellit. L'historien Thucydide, son contemporain, nous en a laissé ce portrait : « Grâce à l'élévation de son caractère, à la profondeur de ses vues, à son désintéressement sans bornes, Périclès exerçait sur Athènes un incontestable ascendant. Il restait libre tout en dirigeant la multitude ».
DÉMOSTHÈNE
DÉMOSTHÈNE. © Giraudon : Alinari, Anderson.
Ce grand orateur athénien entre dans la vie publique au moment où le roi de Macédoine, Philippe, menace la démocratie. Avec une éloquence passionnée, il prononce, de 351 à 341 avant J.-C., quatre discours, appelés "Philippiques", conjurant les Athéniens de résister à Philippe.
Voici un extrait de sa "Première Philippique" : « Quand donc, ô Athéniens, quand ferez-vous votre devoir? Qu'attendez-vous? Un événement ou, par Zeus, la nécessité ? Mais ce qui se passe aujourd'hui, que faut-il donc en penser ? Quant à moi, il me semble que pour des hommes libres il n'y a pas de nécessité plus pressante qu'un déshonneur public. Voulez-vous, dites-moi, continuer à vous promener en vous demandant l'un à l'autre "Que dit-on de nouveau ?" Eh ! que peut-il y avoir de plus nouveau qu'un Macédonien vainqueur d'Athènes et dirigeant en maître les affaires de la Grèce ! »
Démosthène ne fut guère écouté et quand les Athéniens comprirent que Philippe allait envahir leur cité, il était trop tard ; avec leurs alliés thébains, ils furent écrasés à la bataille de Chéronée, en 338 avant J.-C. C'en était fini de la démocratie athénienne.
Le site de Delphes, © Bevilacqua-Cedri
Texte d'origine :
De la cite a l'etat, Athenes (1).jpg
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